Quelle politique dans la jeunesse mobilisée contre la réforme des retraites ?
Article publié dans le n°1 de Révolutionnaires (Mai 2023)
Après treize semaines de mobilisation, la colère et la détermination contre la réforme des retraites ne diminuent pas. Les manifestations sont massives, les actions diverses animent toute la France, des grèves se multiplient… Dans cette effervescence, les jeunes aussi se mobilisent, principalement dans la rue, en cortège ou non. Des assemblées générales se sont tenues dans la grande majorité des universités (et écoles d’Art !) même si elles n’ont pas dépassé les centaines de participants. La mobilisation au jour le jour a été prise en charge par des noyaux de plusieurs dizaines d’étudiants par fac, en rythmant le calendrier par des actions de blocages (universitaires ou “économiques”), manifestations, visites régulières des piquets de grèves
Une jeunesse qui se révolte et qui s’organise
Bien que le retrait de la réforme des retraites soit une revendication majeure dans le mouvement actuel, il est assez visible que la jeunesse ne se contente pas que de celle-ci. Rejet de la sélection à la fac, rejet de Macron et son monde jusqu’au rejet même de la société capitaliste, les étudiants montrent de quel monde ils veulent pour demain. Une retraite oui, mais sur une planète débarrassée de l’exploitation patronale qui pèse sur les travailleurs et la planète ; où la police et discours racistes ne font plus loi !
Une jeunesse déterminée mais également organisée par elle-même ça fait peur au gouvernement. La preuve en est, après la forte agitation causée par le 49.3, le gouvernement annonçait une (faible) revalorisation des bourses, les repas à 1 euro pérennisés, les tarifs des Crous gelés… Loin d’acheter la fin du mouvement, ces mesures nous rappellent qu’on peut gagner !
Alors après les miettes, les matraques. Ces dernières semaines, la répression s’est intensifiée : c’est l’arme de Macron et du Medef pour nous dissuader de continuer. Mais cela a eu un effet contraire. Les étudiants cherchent plutôt à se défendre, et ont parfois constitué des services d’ordre via leurs AG pour protéger les cortèges, comme en région parisienne, sans parler des nombreuses formations anti-répressions se tenant dans toutes les facs.
C’est pour cela que nous avons partout tenté de renforcer les cadres d’auto-organisation. Ces cadres, ce sont notamment les AG, centres de discussions et de décisions dans les facs. Elles permettent depuis la base de décider d’une politique à mener, d’objectifs à atteindre ou de revendications à porter, en dehors des espaces verrouillés de l’intersyndicale.
Quelles perspectives pour la mobilisation ?
Cette politique doit être proposée à l’échelle nationale : nous avons donc participé à impulser une Coordination Nationale Étudiante (CNE) se réunissant chaque semaine. Toutes les facs peuvent décider en AG d’envoyer une délégation d’étudiants la représenter. Jusqu’à aujourd’hui, sept CNE se sont réunies, avec un pic le 1er et 2 avril.
Constatant l’impasse de la stratégie de l’intersyndicale, les délégués de la CNE ont systématiquement cherché à proposer des perspectives de mobilisation visant à améliorer le rapport de force en faveur du monde du travail. Manifestation le 16 mars jour du 49.3, le 14 avril jour du Conseil constitutionnelle, journées d’actions réussies aux côtés de travailleurs en grève… Dans leurs appels les étudiants ont cerné leurs objectifs : massifier le mouvement étudiant tout en cherchant à aider à la généralisation de la grève et sa reconduction. Il faut aller vers le “débordement” craint par le gouvernement.
Et si la CNE n’est pas encore apparue comme une direction alternative à l’intersyndicale (du fait de la relative faiblesse des AG), elle reste un exemple important de coordination à la base, qui doit se poursuivre. La CNE pourrait d’ailleurs en inspirer d’autres, on l’espère notamment dans les lycées… ou le monde du travail !
Face au mépris de Macron et de son gouvernement, les étudiants s’organisent, malgré le calendrier scolaire entrecoupés de vacances et examens : il n’y aura pas de retour à la normale ! Nous poussons toutes les équipes mobilisées à préparer le 1er Mai, qui doit être une journée de manifestations massives et comme la CNE, à retourner dans la rue le 4 Mai et à continuer de s’opposer à cette bourgeoisie radicalisée… Nous exigeons un autre avenir !