Qu’est-ce que le matérialisme dialectique de Marx ? [Topo du WEF oct 2024]
Introduction
Dans ce topo, on va parler de “philosophie marxiste”, c’est-à-dire du côté du marxisme qui plonge ses racines dans l’histoire de la philosophie.
Le principe de la philosophie est un principe de recherche de la vérité. Depuis des milliers d’années, voire depuis toujours si l’on compte le contenu philosophique de la religion, à travers des systèmes de pensée, les philosophes ont tenté de répondre à de grandes questions : qu’est-ce que l’homme, qu’est-ce que la conscience, quelles sont les propriétés de la connaissance. Des questions sur le monde aussi, sur l’organisation sociale, sur le développement de l’histoire ou sur les idées morales, ce qu’est le bien et le mal.
Naturellement, les réponses à ces questions les plus répandues et les plus accessibles sont celles de la philosophie dominante, et ainsi, sans y faire attention, on absorbe, on incorpore, on s’imprègne de l’idéologie bourgeoise et on finit par percevoir le monde avec ses yeux à elle.
Des yeux qui ont tendance soit à justifier ouvertement la domination de la bourgeoisie, soit à obscurcir la façon de lutter contre elle.
Car le problème, pour reprendre les paroles de Marx, c’est que pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une époque, une société, sur la conscience qu’elle a d’elle-même. Mais, direz-vous, comment juger de notre époque, de notre présent autrement qu’avec la conscience du présent ? On ne peut pas demander aux hommes de l’avenir de nous donner un coup de main !
Le matérialisme dialectique permet justement de donner une réponse rationnelle à ce paradoxe, et de prendre du recul sur la philosophie bourgeoise qui nous englobe, dans laquelle on baigne, pour prendre de la hauteur sur notre société, sur l’histoire et pour mieux comprendre son développement dans le temps. Mais quand on dit prendre de la hauteur, c’est une image trompeuse : en réalité on ne cartographie pas la société pour s’élever hors de la mêlée, mais au contraire pour prendre part à cette mêlée : pour transformer le monde.
Marx et Engels ont la volonté d’une approche scientifique et rigoureuse : comme l’on explique la nature, le mouvement physique des objets, des planètes, l’évolution des espèces vivantes etc, on doit expliquer de la même manière le mouvement de l’histoire, des idées, des sociétés.
L’idée de ce topo c’est pas de tout comprendre au matérialisme dialectique mais plutôt de donner envie de s’y intéresser, en essayant de comprendre en quoi cette conception est un outil précieux pour mettre en marche un processus de réflexion, une méthode d’analyse bien précise pour comprendre le monde et le changer par la révolution.
D’abord, on va faire un peu d’histoire de la pensée pour tenter de voir quel est l’apport de la dialectique matérialiste sur les autres philosophies, notamment dans leur approche de l’histoire et de la vérité.
Ensuite on va voir comment et pourquoi Marx et Engels prennent pour base de toute société le développement historique des forces de production, et comment celle-ci en dernière instance, détermine la conscience des hommes.
Et enfin, on verra comment le développement de l’histoire et sa compréhension théorique rendent possible l’émergence de l’aspect directement politique de la théorie marxiste, comme celle d’un programme pour la classe ouvrière et pour la révolution.
1- Introduction qui nous amène à la problématique du matérialisme dialectique : à quel problème philosophique et politique cela répond t-il ?
A) Les grandes conceptions historiques ?
Différents courants philosophiques se sont penchées sur la question “qu’est-ce qui fait l’histoire” et on pourrait schématiquement dresser un bref tableau qui divise ces principales conceptions de l’histoire en 3 groupes :
La première c’est la conception théologique. Celle-ci regroupe les conceptions des premières sociétés humaines et elle est dominante partout jusqu’au Moyen-Âge.
La conception théologique elle explique que l’histoire c’est la manifestation de la volonté d’une ou plusieurs divinités.
Pour prendre un exemple, Saint Augustin, un philosophe romain, va expliquer la grandeur de Rome comme étant du fait de la volonté de Dieu. Je cite “Après que les royaumes d’orient eurent brillés sur la terre pendant une longue suite d’années, Dieu voulut que l’empire d’Occident, […], devint le premier de tous par sa grandeur et son étendue…”. Il nous explique que Dieu a voulu châtier un grand nombre de nations, et que c’est au travers de l’empereur Constantin qu’il va manifester sa volonté.
Dans la conception théologique de l’histoire, tout est réglé par les divinités. La durée des guerres, la victoire d’un empire sur l’autre, la vie particulière des uns et des autres. Il y a une fatalité dans le développement de l’histoire puisque tout événement est soumis à la Providence divine.
Au siècle des Lumières va devenir dominante le deuxième type de grande conception historique : la conception idéaliste de l’histoire. La conception idéaliste cherche des causes et des conséquences dans ce qui fait l’histoire. Tout n’est pas chaotique et hasardeux, et tout n’est pas le résultat d’une volonté divine. On va chercher les changements historiques dans des causes historiques.
Pour ces philosophes, le moteur de l’histoire c’est les idées. C’est en étudiant l’histoire des idées et surtout les idées des hommes les plus notables, qu’on peut comprendre les causes des transformations des sociétés.
Voltaire explique par exemple dans son essai La philosophie historique que la chute de l’empire romain est le résultat du changement des mœurs dans la société. Mais d’où vient que les modes de vie avaient changé ? Eh bien, selon Voltaire, conformément à la seule volonté de l’empereur Constantin, le christianisme à triomphé dans l’empire romain, et donc, lors des attaques barbares il y avait chez les romains plus de moines que de soldats ce qui a entraîné la chute de l’empire.
Et évidemment, ces différentes façons d’interpréter l’histoire nous amène à des conclusions différentes quant à la façon d’y intervenir.
Holbach par exemple, un philosophe qui avait une conception totalement matérialiste de la nature mais une vision idéaliste de l’Histoire, comme Descartes avant lui, explique que la cause du mal politique c’est l’ignorance : que les gouvernements sont absurdes car ils n’ont pas compris les vrais principes de l’organisation sociale et politique.
Aujourd’hui quand on écoute les discours politiques dominants, à droite comme à gauche, on aurait plutôt tendance à croire qu’ils se retrouvent dans cette vision là. “Les choses vont mal parce que nous sommes mal gouvernés, appliquez mon programme et tous les problèmes vont se résoudre, un bon gouvernement amène les bonnes solutions.” Et on pourrait ajouter que beaucoup d’explications du monde qui se disent “matérialistes” voire même pour certaines “marxistes” tombent dans cette catégorie.
Et justement, c’est la troisième conception de l’histoire qui va critiquer et expliquer les défauts de la conception idéaliste, c’est la conception matérialiste élaborée par Marx et Engels. On va tenter de comprendre comment procède cette philosophie pour expliquer le développement de l’histoire.
B) Dialectique : de la vérité comme processus, relativité de l’erreur et de la vérité
Jusque-là, si on nous demandait de commenter rapidement les conceptions théologique et idéaliste, on pourrait dire caricaturalement qu’elles sont toutes les deux fausses. Que en tant que vrais bons matérialistes on doit affirmer que ce n’est non pas les idées mais la matière qui guident le monde.
Mais la conception idéaliste de l’histoire est-elle complètement fausse ? Est-elle exactement aussi éloignée de la réalité que la conception théologique ?
Non. Il y a un certain progrès, une avancée vers une meilleure compréhension du développement de l’histoire.
Plutôt que de penser que les forces surnaturelles sont les seuls garantes, à influencer, à agir sur le développement de l’histoire, il y a au contraire dans la conception idéaliste la possibilité d’un progrès, d’une évolution relative à l’homme, dépendante de ses actions. Donc il est admis dans la conception idéaliste la possibilité de transformer ce monde en agissant sur lui.
Certes, pour les philosophes idéalistes, on a vu que cette possibilité de transformation du monde elle réside avant tout dans l’évolution des idées.
Mais de la même manière, il est difficile de rejeter tout ça en bloc, on ne peut pas nier entièrement l’affirmation que les idées jouent un rôle décisif dans le développement de l’histoire. Qui ici contesterait le fait que la pensée, l’opinion, les représentations n’ont pas une influence énorme sur les hommes et leurs actions ? Qui ici contesterait le fait que l’idéologie, la pensée dominante détermine voire gouverne en partie la société ?
Si les idées, si la conscience, ne permettaient pas d’agir sur le monde et de le transformer, si on était convaincue de ça, on se donnerait pas autant de mal pour faire des week-end de formation, on ne chercherait pas à comprendre le système capitaliste et comprendre les lois de son développement.
En réalité, en affinant nos idées, on affine notre capacité à agir sur le monde.
Alors, si cette conception idéaliste a des limites, ce n’est pas qu’elle croit au pouvoir des idées, c’est surtout qu’elle fait des idées la fin et le début de toute action possible, autrement dit qu’elle est incapable d’expliquer d’où viennent les idées, justes ou fausses. C’est-à-dire que, si on considère que les idées gouvernent la société, il faut se demander est-ce que quelque chose gouverne les idées ? Est-ce que le développement des idées est lui-même complètement chaotique et hasardeux, ou est-ce qu’on peut dégager des lois et des tendances qui déterminent la pensée ?
On laisse ça pour tout à l’heure, mais pour l’instant, on peut reconnaître une nette évolution entre la conception théologique et idéaliste. Une progression qui se rapproche de la vérité.
Le fait de se demander si la conception idéaliste est simplement vraie ou fausse, en fait, c’est une approche dogmatique et figée. Une chose n’est jamais en elle-même totalement vraie ou fausse.
Ce qui doit nous importer, c’est de comprendre en quoi la conception idéaliste dépasse la conception théologique, qu’est-ce qu’elle apporte qualitativement de nouveau, qui est une avancée vers un degré de vérité plus haut.
Et surtout, il faut chercher à comprendre qu’est-ce qui permet le passage de l’ancienne conception à la nouvelle, qu’est ce qui était nécessaire à son émergence et qu’est-ce qui manque à son dépassement.
Cette approche là, grossièrement, c’est l’approche dialectique, et ce n’est pas Marx qui l’apporte mais Hegel, un philosophe encore idéaliste, qui va pourtant fonder cette méthode de recherche de la connaissance que reprendront Marx, Engels, en lui donnant un fondement matérialiste et qui donnera le marxisme.
L’apport de la dialectique dans la philosophie est décisif dans la mesure où la vérité ne se trouve plus dans un état de fait abstrait et figé dans le temps, mais dans l’analyse du développement. La dialectique, c’est la logique du mouvement et du devenir, qui procède par synthèse des contradictions.
Citation de Engels dans Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande : “La vérité qu’il s’agissait de reconnaître dans la philosophie n’était plus, chez Hegel, une collection de principes dogmatiques tout faits, qu’il ne reste plus, quand on les a découverts, qu’à apprendre par coeur; la vérité résidait désormais dans le processus même de la connaissance, dans le long développement historique de la science qui s’élève des degrés inférieurs à des degrés de plus en plus élevés du savoir, sans arriver jamais, par la découverte d’une prétendue vérité absolue, au point où elle ne peut plus avancer et où il ne lui reste plus rien d’autre à faire qu’à demeurer les bras croisés et à contempler bouche bée la vérité absolue à laquelle elle serait parvenue.”
Dans la philosophie dialectique, on ne peut rendre compte de la réalité que par les contradictions dont elle est le résultat. La tâche de la dialectique n’est pas de décrire les choses telles qu’elles sont mais de décrire la façon dont elles se développent.
Toutes choses, toutes espèces animales, végétales, toutes sociétés humaines, toutes pensées, est le résultat de son histoire, est le produit d’un processus de développement qui dure depuis des millions d’années.
Pour ce qu’il en est de la conception idéaliste de l’histoire, la question n’est plus alors de dire si elle est vraie ou fausse, mais de comprendre de quoi elle est le résultat, qu’est-ce qui a entraîné son développement, quelle est sa base et son fondement, et à partir de là, on pourra comprendre comment elle peut être dépassée.
C) Dialectique la logique des contradictions : exemples de compréhension dialectique du changement dans la nature
Le monde réel tel qu’il existe réellement et pas dans nos têtes, c’est pas un monde figé. Rien n’est identique à soi-même dans le temps. La nature, les sociétés, la matière jusqu’aux atomes et aux particules subatomiques sont en mouvement perpétuel. Pour s’approcher de la vérité matérielle, il faut donc étudier les lois du mouvement matériel.
C’est par exemple ce qu’on cherche à faire dans les sciences de la nature.
Pour illustrer quelques éléments de dialectique, on peut observer son déploiement dans la nature. Prenons le cas de l’évolution biologique.
Les espèces biologiques pour survivre cherchent à maintenir leur structure interne. Dans le processus de reproduction, la transmission de caractéristiques héréditaires garantit la survie de l’espèce dans son environnement.
Mais des mutations génétiques aléatoires apportent des variations internes, qui peuvent être neutres, bénéfiques ou néfastes. Elles introduisent une tension interne à l’organisme.
L’environnement dans lequel il évolue est lui-même en changement permanent : variation géologique et climatique, ou prédation il y a une pression exercée sur l’organisme. De l’apparente stabilité et harmonie entre une espèce et son environnement on voit en fait à plus grande échelle une contradiction dialectique permanente, qui s’exprime par des changements soudains, fruit de l’accumulation de modifications imperceptibles.
Par leur lutte pour l’existence et la reproduction de leurs espèces, c’est-à-dire pour se maintenir identiques à eux-mêmes, les organismes sont amenés à évoluer. Comprendre les organismes vivants, c’est étudier les contradictions qui existent entre eux, avec leur environnement, organique comme inorganique, c’est observer l’histoire de leur développement.
Il s’agit à chaque fois de contradictions déterminées. Ce qui veut dire que le mouvement n’est pas arbitraire.
Dans l’évolution des organismes, il y a certes une part irréductible de hasard dans les variations génétiques mais l’évolution, elle, est justement le résultat nécessaire de tous ces hasards, sa synthèse dans une loi.
Et pour comprendre cette loi, pour la découvrir et la mettre à jour, il ne suffit pas de connaître “la dialectique” en général : Hegel, qui est probablement le meilleur dialecticien qui ait jamais vécu, pensait par exemple que les espèces animales étaient fixées et n’évoluaient pas plus que les cailloux. Pour élaborer sa théorie, il a fallu que Darwin observe des centaines d’espèce à travers le globe, qu’il compare ses observations entre elles avec un esprit de système, qu’il s’appuie sur les observations des zoologistes et des biologistes qui l’avaient précédés et qui avaient classé les organismes par degré de parenté. Ce à quoi on peut ajouter, l’élevage des chiens, qui intéressait beaucoup Darwin, c’est-à-dire l’intervention consciente des humains pour transformer des organismes vivants.
Autrement dit, c’est l’accumulation d’erreurs, qui finit par produire une vérité plus haute.
La dialectique n’est pas une science déductive qui donne des résultats a priori, mais un outil qui permet de s’orienter dans la connaissance et dans son développement : ou comme le dit Engels “une méthode pour trouver des résultats nouveaux, pour progresser du connu à l’inconnu” et pas une science de “pure démonstration”.
Ce mouvement dialectique il ne suit pas une progression régulière.
A partir d’une accumulation quantitative de contraintes émerge un dépassement qualitatif.
De la même manière, les espèces n’évoluent pas de façon harmonieuse et stable. C’est une accumulation de changement qui conduit à un saut qualitatif, par exemple, un changement fondamental dans la structure interne de l’organisme. Ce bond qualitatif entraîne de nouvelles propriétés.
Les premières cellules ont formé des colonies en collaboration, passant de l’unicellulaire au multicellulaire, dans leur coopération elles se sont spécialisées pour effectuer des rôles précis, devenant par exemple des cellules musculaires ou des cellules nerveuses. Chacune d’elles devenant y compris dépendantes de l’organisme dans son ensemble.
D’accumulation quantitative en bond qualitatif les premiers organismes unicellulaires se sont complexifier et ont développé de nouvelles propriétés, jusqu’à l’apparition de systèmes nerveux complexes jusqu’à la structure prodigieuse du cerveau humain. Dont l’homme, en transformant la nature a transformé sa propre nature, avec l’émergence du langage, de la technique, de la pensée abstraite et de la conscience de soi, avec la capacité de s’organiser désormais à l’échelle mondiale et de pouvoir intervenir activement et consciemment dans son histoire.
Parce que comme le dit Marx “les hommes font leur propres histoires mais il ne l’a font pas dans des conditions choisis par eux”.
Alors, de la même manière que pour les sciences de la nature, la dialectique matérialiste cherche à décrire ces conditions historiques héritées du passé pour agir efficacement et transformer le présent et l’avenir. Bien sûr on ne peut pas décrire cette évolution avec la même précision que la nature inorganique ou organique car la quantité de facteurs est gigantesque (entre évolution des cellules ou évolution de la société) par contre, on peut dégager des lois et des tendances générales pour expliquer avec méthode les processus d’évolution des sociétés.
2- Le matérialisme dialectique
A) Le “matérialisme” du matérialisme dialectique : les sociétés (rapports sociaux) sont conditionnées par le rapport que les hommes établissent entre eux face à la nature (rapports de productions)
→ le matérialisme (“la conscience est déterminée par l’existence” = les idées découlent des rapports sociaux qui découlent des rapports de production)
Un peu comme pour la théorie de l’évolution qui tient dans son champ de vision tout le vivant pour comprendre les espèces particulières, c’est en partant de l’ensemble du développement que le matérialisme va saisir l’histoire, sans s’arrêter à une forme de société isolée mais en les comprenant de façon enchaînée les unes aux autres.
Dans nos sociétés, nous autres humains entrons en relation les uns avec les autres et les formes de cette relation nous sont donnés du dehors.
On va voir maintenant en quoi nos relations sont déterminées par la structure matérielle de notre organisation sociale.
Qu’il s’agisse de la recherche de nourriture, des outils nécessaires à l’agriculture, plus généralement des marchandises, et même de la reproduction des hommes eux-mêmes (par exemple la forme de l’organisation de la famille), pour résumer tout ça, dans le processus de production et de reproduction de ses moyens d’existence, l’homme entre dans des rapports sociaux de production historiquement déterminés.
Ces rapport de production sont déterminés par le stade d’évolution des forces de production.
Ce rapport social échappe à la volonté individuelle ou collective des hommes puisque nous les trouvons tout faits quand on vient au monde et ils ne correspondent pas à la volonté de quelques hommes tel un projet politique tout droit sorti de leur tête. Et dans la mesure où les hommes doivent y intervenir volontairement, ils sont obligés de s’y adapter, de s’y conformer.
Ces rapports de production, que ce soit dans les premières tribus, sous l’esclavage puis sous la féodalité et maintenant sous le capitalisme, ils constituent la structure de base de la société, à partir de laquelle s’élèvent les idées : la “superstructure” juridique et politique comme l’appelle Marx dans la Contribution à l’économie politique. Et il ajoute : “Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience.”
Le développement des forces de production suppose donc des rapports sociaux déterminés, une organisation sociale qui permet que les forces de production soient mises en œuvre et qu’elles se développent et permettent au mieux la production et la reproduction de la vie. Mais à un certain stade de développement, ces rapports sociaux qui étaient moteurs deviennent entraves au développement de la production.
B) Le “dialectique” du matérialisme dialectique : les formes du changement social issues des contradictions rapports sociaux/forces productives :
L’exemple classique de cette évolution sociale est issue de la combinaison de la lente accumulation de changements dans les rapports de production et de réformes partielles de la société d’une part, et de brusques révolutions pour balayer les entraves de l’ordre ancien d’autre part, c’est le passage du féodalisme européen au capitalisme.
Au Moyen-Age, à partir du XIè siècle, débute un changement progressif dans l’organisation de la production : le commerce en pleine expansion entraîne une toute nouvelle dynamique urbaine, avec une concentration de plus en en plus grande dans les villes et le développement de grandes routes commerciales pour faciliter les échanges commerciaux entre différentes régions.
Alors que les populations étaient encore très paysannes, les progrès dans l’agriculture vont permettre aux grands propriétaires terriens d’accentuer l’exploitation et d’augmenter leurs prélèvements : du point de vue du mode de production féodal, une grande partie de paysans deviennent des bouches à nourrir inutiles et migrent dans les grandes villes en plein essor pour tenter d’y faire fortune. La nouvelle classe sociale en formation composée d’artisans et de commerçants est d’abord relativement autonome. Ils possèdent leurs propres outils et leur mode de production ne connaît la division du travail qu’au niveau de l’échange marchand. De la fabrication à la vente, les artisans réalisent tout eux-mêmes. “Le travail de chacun était son unique propriété.”
Au XIIIe siècle, le long processus de développement des forces de productions entraîne progressivement des innovations techniques, l’accroissement des échanges commerciaux et la création de corporations dans différents métiers : bouchers, tisserands, etc. Cette dynamique a engendré une accumulation de richesse par l’échange marchand, mais dans les formes sociales de caste du féodalisme : les artisans sont organisés dans des corporations qui ne laissent un espace que pour une accumulation très limitée de capital… qui du coup n’est pas encore vraiment du capital… mais tend à le devenir.
La classe artisanale et marchande montante, qu’on peut considérer comme l’ancêtre de la bourgeoisie, entre donc en tension avec l’aristocratie et avec les formes sociales féodales qui l’empêchent d’accumuler de la richesse selon son mode de production. Les structures féodales arriérées, la propriété foncière et l’aristocratie terrienne deviennent en fait des entraves au développement ultérieur des forces de productions qui mûrissent avec la bourgeoisie. L’ancien ordre est en contradiction avec l’intérêt de la toute nouvelle classe bourgeoise.
L’Etat au service de la classe dominante aristocratique garantit les terres et le pouvoir politique à la noblesse tout en protégeant ses privilèges, la bureaucratie exerce une régulation stricte sur l’économie avec un système d’imposition sur tous les biens. Ces tensions se renforcent, les ouvriers et les artisans s’organisent de plus en plus pour revendiquer des droits. Les contradictions entre les forces de productions et les rapports de productions favorisent un contexte de mobilisations, de contestations, de lutte des classes et une époque de crise s’ouvre jusqu’au renversement de l’ancien ordre par la révolution française.
De l’accumulation quantitative de contradictions entre les rapports sociaux et le développement des forces de production naît un changement qualitatif dans la société.
3- Le communisme : des conditions économiques objectives et leur compréhension consciente par la classe révolutionnaire
A) La naissance de la classe ouvrière et possibilité historique du communisme
Ce qui va nous intéresser maintenant, c’est l’apparition de la classe ouvrière, au moment de la RI, qui constitue un tournant dans l’évolution des rapports de production.
- Antagonisme de classe
La classe ouvrière est produite par la bourgeoisie, dans la mesure où elle est obligée de vendre sa force de travail – ce qui n’était pas le cas au moment de la féodalité. Ça nous amène au premier point : la CO et la bourgeoisie sont deux classes antagonistes, en cela que leurs intérêts propres sont totalement opposés. La bourgeoisie, en engendrant la CO, en fait une classe opprimée. En la privant des moyens de production, la bourgeoisie exploite la classe ouvrière, elle la fait travailler pour elle et se réserve le produit de son travail, dont elle ne lui rétribue ensuite qu’une partie sous forme de salaire.
La classe ouvrière naît donc comme un produit subordonné de la bourgeoisie. Elle est d’ailleurs un produit économique, qui découle de l’exploitation elle-même.Pour maximiser le profit, les capitalistes baissent les salaires au maximum. La misère de la classe ouvrière du XIXe siècle n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait être tenté de croire, le fait de patrons qui seraient sans pitié, dénués de sens moral, à peine assez humains pour fournir un revenu décent aux travailleurs et travailleuses. En fait, la misère ouvrière est « une sorte de loi naturelle du capitalisme en expansion ». découle de tout un système économique et de ses lois.
- Accumulation primitive
Mais ce cycle d’exploitation n’est possible que si la bourgeoisie trouve une main-d’œuvre abondante et inorganisée, des individus qui acceptent les nouvelles règles de la production, c’est-à-dire non seulement libres de vendre leur force de travail mais aussi forcés de le faire à des conditions qui garantissent un profit.
De fait, on peut dire que la bourgeoisie crée la classe ouvrière, en brisant les entraves économiques et politiques de l’ancien ordre.
En effet, la bourgeoisie en Angleterre se lance dans l’accaparement des terres communes, ce qui condamne les paysans les plus pauvres au vagabondage. Ces vagabonds se voient finalement employés dans des manufactures pour assurer leur subsistance… Manufactures possédées par des bourgeois.
Mais cette impulsion graduelle qui avait commencé dans l’Ancien régime dès le XVe siècle, explose véritablement à l’aube de la Révolution française, notamment en Angleterre et en France.
- Révolution Industrielle et prise d’ampleur de la CO
Une classe ouvrière internationale naît. D’abord en Angleterre, à partir de 1760, jusque dans les années 1830. Ce qui change la donne c’est les manufactures : exploitation à gde échelle.. LEs manufactures favorisent l’apparition des machines dans des domaines toujours plus variés. Textile notamment. Machine à vapeur de Watts pour mettre des usines partout, pas seulement au bord de l’eau : 1776. Plus grand nombre d’ouvriers. Regroupés dans un atelier, division du travail. Schéma qui naît donc dans sa forme achevée en Angleterre, et qui va s’étendre peu à peu dans toute l’Europe (FR : moitié du 19è.), puis dans le monde entier.
Dév progressif de la classe ouvrière, qui remplace peu à peu les paysans. Se développent des villes industrielles, chacune regroupant un différent type d’industrie. Là aussi, l’Angleterre est un bon exemple. Dans les années 1830, on trouve par exemple des villes “spécialisées” dans une branche de l’industrie : centres sidérurgiques à Sheffield. Leeds : industrie lainière. Liverpool : industrie cotonnière. Véritables “creusets” de la classe ouvrière, regroupements “spatiaux” des ouvriers et
ouvrières. Il est à noter que la CO n’émerge pas comme un bloc uniforme. Les ouvriers et ouvrières « prennent conscience » de leur appartenance à une véritable classe à des moments, de degrés différents.
C’est notamment par les luttes avec le patronat que les ouvriers et ouvrières se forgent une conscience de classe. Les lois économiques du capitalisme ont ainsi tendance à mettre les ouvriers en concurrence entre eux pour trouver un travail et à favoriser leur individualisme. Mais dans les luttes pour obtenir un meilleur salaire, ils forment les premières unions ouvrières, les syndicats, et développent la première forme, spontanée, de conscience ouvrière collective, même si celle-ci reste dans le cadre de l’exploitation capitaliste.
- développement de la grande industrie, concentration d’une classe ouvrière de plus en plus éduquée et internationale
Et cette prise de conscience de classe se fait désormais sur les bases d’une production internationalisée, d’une division du travail qui a bondi à l’échelle de toute la société mondiale.
Pour prendre l’exemple d’un objet quelconque, extrêmement basique, sans aller chercher la dernière Tesla : prenons un crayon de papier BIC (les plus vendus, crayon vert).
- La mine est extraite dans les mines de graphite en Chine ou en Inde
- Le bois vient de Californie
- La gomme est faite en caoutchouc, qui est fabriqué en Malaisie
- Usine d’assemblage en Europe et en Amérique du sud
Un objet aussi simple qu’un crayon de papier est le résultat d’une organisation internationale, entre ceux qui sont dans les mines et les plantations, ceux qui conduisent les bateaux ou les camions, ceux qui transforment et assemblent les marchandises à la chaîne, ceux qui les vendent dans les rayons du magasin, c’est le travail coordonné et nécessaires de centaines d’hommes de différentes nationalités partout à travers le monde. Mais dans ce processus de travail qui les lie entre eux, une autre chose les rassemble encore : c’est le rapport social. Ils sont tous des prolétaires, ils vendent leur force de travail à la bourgeoisie qui s’accapare tous les bénéfices.
Là où je veux en venir, c’est que le développement des forces de productions à amené à la création d’une classe prolétarienne aujourd’hui internationale, dont l’organisation mondiale est à l’origine de toutes les marchandises et tous les services.
Il n’y a rien qui ne soit pas l’œuvre des travailleurs et des travailleuses. Absolument RIEN. Tout tourne et fonctionne déjà grâce à la collectivisation de notre travail, malheureusement parasité et sous la direction et l’intérêt des capitalistes. Pour citer Marx dans L’idéologie allemande qui parle du développement des forces de productions :
“En général, elle créa partout les mêmes rapports entre les classes de la société et détruisit de ce fait le caractère particulier des différentes nationalités. Et enfin, tandis que la bourgeoisie de chaque nation conserve encore des intérêts nationaux particuliers, (d’où la concurrence entre impérialisme, les guerres, les licenciements, les délocalisations…) la grande industrie créa une classe dont les intérêts sont les mêmes dans toutes les nations et pour laquelle la nationalité est déjà abolie, une classe réelle qui s’est réellement () débarrassée du monde ancien et qui s’oppose à lui.”
En somme, le prolétariat est l’expression de la dissolution et de l’absorption de toutes les classes.
Tout cela rend possible le fait de faire prévaloir un intérêt de classe particulier face à celui de la bourgeoisie, celui du prolétariat international qui est déjà à l’origine de toutes marchandises et qui est déjà organisé mondialement.
Néanmoins, la naissance de la classe ouvrière ne signifie pas qu’elle émergera d’emblée avec une conscience de classe aigüe. La classe ouvrière ne “naît” pas spontanément socialiste.
B) La naissance des idées socialistes
- Les prémisses subjectives du socialisme : les sciences bourgeoises, l’eco po anglaise, la politique révolutionnaire Fr et la philo allemande
Les idées socialistes sont le fruit d’un long cheminement intellectuel, mais elles sont aussi permises par les nouvelles formes, la nouvelle organisation que prend la société. On peut s’appuyer sur les débuts du socialisme utopique pour détailler un peu.
D’abord, les idées socialistes (utopiques) sont nées de la bourgeoisie. Cette dernière pensait que les “injustices” et la misère causée par l’exploitation des travailleurs pourrait être résolue si la classe possédante montrait “de la bonne volonté” comme dit Kautsky. Ce mode de pensée est idéaliste : selon les socialistes utopiques, ce sont uniquement les sentiments, la volonté de la bourgeoisie qui la pousse à exploiter la classe des travailleurs.
Quelques exemples :
En France : SAINT-SIMON, post RvF, fait une distinction entre « oisifs » et « travailleurs ». oisifs = les rentiers. Ouvriers = aussi bien les salariés que les banquiers et les négociants. Parle de « la classe la plus nombreuse et la plus pauvre » (trace les contours de ce qui est la classe ouvrière) → les germes du marxisme : l’abolition de l’État (« le passage du gouvernement politique des hommes à une administration des choses et à une direction des opérations de production »), le fait de penser que la conjoncture économique est la base des institutions politiques.
En Angleterre : toujours au moment de la RI. Owen : les nouvelles forces de production puissantes seraient la base d’une réorganisation sociale. Ces forces devraient être une « propriété commune de tous ».
L’avènement du matérialisme : En premier lieu : synthèse sciences nats et sciences psycho (Kautsky utilise ce terme pour parler des sciences qu’on appellerait aujourd’hui humaines genre écopo, ethno etc). En effet, les inégalités entre les classes avaient déjà été identifiées par les socialistes utopiques. Mais Marx, en s’appuyant à la fois sur les sciences naturelles et humaines, redonne une explication économique à ces inégalités. Il remet le socialisme sur le terrain du réel.
Marx réussit la synthèse des pensées allemande, française et anglaise.
En Angleterre parce que le capitalisme est apparu plus tôt et qu’on a pu l’étudier plus tôt : la pensée économique a pu s’y développer. En France parce que l’impulsion de la Révolution donna aux penseurs de l’époque un plus grand “radicalisme” – pour reprendre les mots de Kautsky, ce sont les théories socialistes (qu’on a vues) qui ont connu un fort essor. En Allemagne, où la petite bourgeoisie allemande “n’avait pas les moyens” pour s’illustrer dans les domaines qui lui échoient d’habitude (fondation d’entreprises, investissements dans des flottes etc), et ou le pouvoir politique était peu puissant, éclaté, c’est le développement de la philosophie classique qui fut considérable (Hegel tiens tiens tiens…).
- Les idées révolutionnaires de la bourgeoisie, la Revo Fr comme impulsion qui entraîne plus loin que ne voudrait la bourgeoisie
La bourgeoisie va considérablement contribuer aux prémisses du socialisme par ses idées révolutionnaires : parce qu’avec la RvF, la bourgeoisie rompt “complètement avec les traditions du passé” (Engels, Socialisme utopique et socialisme scientifique). Tradition religieuse notamment, chose inacceptable pour la bourgeoisie anglaise de l’époque, qui va plutôt s’accrocher à la religion. Anéantit l’aristocratie. La Révolution donne une nouvelle impulsion au socialisme de la petite-bourgeoisie, allant jusqu’à effrayer cette bourgeoisie anglaise. En usant de la violence (incarnée notamment par la période de la Terreur) pour parvenir à ses fins, la bourgeoisie révolutionnaire française franchit un nouveau pas, pas que la bourgeoisie anglaise (entre autres) avait hésité à franchir.
BREF Marx est le produit de son époque. C’est parce que certaines conditions économiques – et politiques / philosophiques sont en place que Marx peut développer sa pensée. Pour le dire autrement, le socialisme n’aurait pas pu apparaître au lourd moyen-âge par exemple, vous l’aurez compris. Le socialisme est l’aboutissement de tout un système de pensée, aboutissement qui n’est permis que par une certaine conjoncture (éco, pol, philo).
- Exemple : l’idée d’égalité, ses fondements économiques, sa compréhension de classe
Pour illustrer un peu plus, on vous propose de prendre l’idée de l’égalité, qui est quand même – jpense qu’on vous apprend rien – une revendication phare des révolutionnaires de 1789. En tant que telle, la notion d’égalité n’a pas spécialement grand-chose de communiste ou de révolutionnaire.
Dans l’Anti-Dühring, Engels explique que l’idée d’égalité telle qu’on la connaît est le reflet de l’organisation sociale capitaliste : les humains sont conçus comme égaux car ils le sont dans leurs transactions marchandes d’une part, et d’autre part car la valeur des marchandise représente du travail humain abstrait, que tout être humain est égal à un autre en tant que producteur. L’idée d’égalité entre les hommes acquiert donc “la force d’un préjugé populaire” dit Marx.
Mais cette idée d’égalité abstraite va à la rencontre d’une contradiction dans le mode de répartition : les producteurs sont misérables, la minorité non travailleuse détient toutes les richesses. L’égalité proclamée par la bourgeoisie est niée par l’inégalité la plus criante dans la réalité. L’idée d’égalité devient donc une arme contre la bourgeoisie elle-même, et en fait, elle change de contenu en devenant une égalité revendiquée par une autre classe :
D—> l’apport de Marx : on ne vise plus une égalité abstraite dans les rapports marchands capitalistes mais une égalité réelle (à chacun selon ses moyens, pour chacun selon ses besoins)
Conclusion :
Pour conclure le topo, si on repart de notre question sur les vérités relatives des différentes conceptions historiques que sont la conception théologique, idéaliste et matérialiste, on voit que la dernière est “la plus vraie”, précisément parce qu’elle comprend et dépasse les anciennes.
De la même manière on pourrait dire que le socialisme en tant qu’état social futur, tel qu’on peut en voir les prémisses objectives à partir d’aujourd’hui, c’est la forme de société la plus “vraie”, c’est le mode d’organisation le plus rationnel et le plus conforme à la réalité actuelle.
En fait, les idées socialistes sont le produit de tout le développement historique antérieur.
Pour résumer tout ça, le matérialisme dialectique c’est l’aspect théorique de la pratique révolutionnaire. C’est un outil pour comprendre les lois du développement de la société pour que la classe ouvrière puisse y intervenir consciemment et la modifier dans son propre intérêt et pour le faire coïncider avec l’intérêt de toute l’humanité. Avec cette compréhension marxiste de l’histoire, il nous est donné la possibilité d’élaborer scientifiquement un programme politique, le communisme. Mais pour donner un sens au mot, pour le réaliser dans la pratique, la classe ouvrière a besoin de se doter d’une organisation : révolutionnaire et
militante qui met ses idées en mouvement et qui met en mouvement ses idées : qui agit et pense en même temps.
Car on l’aura bien compris, il y a bien des conditions objectives, relativement indépendantes de notre action et a priori indispensables pour arracher l’établissement du communisme : par exemple la constitution d’une classe prolétarienne suffisamment forte et consciente, des forces de production développées à l’échelle internationales, des périodes de crise du capitalisme avec des mouvements de masses qui entraîne une participation active de notre classe. Ces contradictions internes et leurs conséquences immédiates elles nous sont certes imposées, mais le socialisme, l’abolition de ces conditions n’aura pas lieu de façon automatique et indépendante de notre action consciente.
Notre capacité à nous organiser comme classe indépendante et non pas comme classe simplement exploitée par la bourgeoisie, notre capacité à prendre les bonnes décisions au bons moments en fonction de la situation politique mondiale, à ne pas tomber dans des impasses réformistes bourgeoises ou petites-bourgeoises qui sont le mode intuitif et “naturel” de la pensée politique dans une société bourgeoise.
Notre capacité enfin à mettre en place dans la bataille un contre-pouvoir ouvrier capable d’aboutir à un double pouvoir, puis de prendre le pouvoir c’est-à-dire de s’ériger en représentant des intérêts particuliers du prolétariat.
Tout ça dépend de l’action consciente de la classe ouvrière, une action consciente qui ne peut se faire sans un travail pratique et théorique intense, une lutte sans relâche et sans illusions contre la société existante, une critique de tous ses aspects, de tout ce qui est considéré comme naturel, sacré et évident.
C’est ce qu’on vous propose de faire avec nous au NPA-Jeunes Révolutionnaires, en commençant dès maintenant la partie “théorique” et formation puisque le débat est ouvert.